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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 23:12

 

Aujourd’hui, nous allons écouter une chanson écrite par Claude Nougaro et Jacques Datin: Je suis sous... (Marie-Christine). interprétée en 1964 par le petit taureau. L'amoureux éconduit (et passablement éméché) qui tente de reconquérir sa belle Marie-Christine est à écouter ici et à voir  (après 1'40").

 

Nougaro-Claude-Album-Marie-Christine.png

 

Claude a la joie

 

Ici, l’homme à l’accent de swing et aux semelles toulousaines fait des infidélités à son registre musical de prédilection. Pour l'ambiance jazzy, vous pouvez repasser! Les reprises raffinées de thèmes connus (le Blue Rondo a la Turk de Dave Brubeck devenant À Bout de Souffle) ont cédé la place à une orchestre de piano bar, arrondissant probablement ses fins de mois dans diverses bals musettes...

 

Il part donc en goguette, pour ne pas dire guinguette, et à la première écoute on en vient même à se demander s’il ne donne pas dans la chanson à... boire!? En effet, auditivement on est submergé par l’impression de fouillis gaiement musical. Lui-même martelé par un rythme syncopé, alors que les inflexions ondulantes du chant de Nougaro miment des choeurs de bacchanales avinées...

 

Mais il n’y a pas que l’atmosphère musicale qui soit atypique pour du ''Nougaro''. Lui qui a l'amour du vers finement ciselé et de la verve abondante, le voilà donnant dans la lourde redondance et s'empêtrant dans un vocabulaire vulgairement familier.

 

Une chanson à laquelle il ne faut plus soumettre ses oreilles? Et bien non!

 

 

 

Le jazz e(n faisan)t la java

 

Pour bien apprécier cette chanson, il faut la laisser se décanter, puis l'écouter jusqu'à s'en imprégner. Alors son style rond de fonflon ne masque plus le reste de ses éléments et au contraire les bonifie. Ainsi, on discerne sous le ridicule rythme de ''montagne russe'' les tressaillements pathétiquement amoureux d'une outre-à-vin, s'essoufflant comme un accordéon pour mieux se regonfler. Car si le chant de velours de Nougaro ne peut s'empêcher de transpercer cette chanson a priori légère, c'est que l'on n'a pas à faire avec une simple parodie éthylique de la scène du balcon de Roméo et Juliette (Acte II, scène 2, Shakespeare). Si un foisonnement de jeux de mots égaie le propos, leur concentration que leur faisant perdre toute subtilité, il ne faut pas prendre cette chanson pour un simple exercice de style "populaire" (Nougaro s'en revendiquant au contraire,  étant un adorateur invétéré d'Édith Piaf). 

 

Au final, Nougaro et Dantin n'ont-ils pas ici cherché à illustrer l'antique In Vino Veritas?

À première ouïe, c'est une vision caricaturale et littérale qui nous est servie: rien ne sert de mentir, la vérité toujours transparaît. Mais aussi ridiculement (ou désespérément?) que cela puisse sembler, ne peut-on pas voir sous la carapace de l'ivrogne tapageur le coeur de l'amant désemparé, car rejeté? Sous l'homme saoul, c'est le Je qui a aimé et qui à nouveau voudrait l'être qui apparaît. Il est désespérément repentant et se croyant prêt à pouvoir tout changer espère le retour de sa Dulcinée. Sens quelque peu laborieux et un peu trop studieux, mais au combien tolérant et universel.

 

Je suis sous... (Marie-Christine) une chanson qui a soif... soif... soif d'amour!

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