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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 09:00

Aujourd’hui, nous allons écouter un écho radiophonique de l’été 2011 qui va nous donner à entendre le langage des vignes chinoises. Dans sa chronique matinale du 19 août, Daniel Bastard se penchait sur le vin, à l'occasion du début des vendanges du précoce millésime 2011. Le linguiste nous explique les sinogrammes représentant le vin, les décrivant dans leur alignement logique et descriptif, comme les clés du rébus de l'antique histoire du vin en Chine.

 

 

Vin en chinois sinogramme mandarin

 

Musique du château chinois

 

Basé sur trois caractères, le vin s’écrit en chinois 葡萄酒 et se prononce très approximativement ‘‘poutaodjiou’’. Littéralement, ces trois caractères se traduisent par « boisson alcoolisée de raisin ». Commençons donc par la conclusion du sinogramme. Le caractère 酒 représente les boissons alcoolisées dans leur généralité. Daniel Bastard rappelle que cet idéogramme est composé de deux symboles : la fermentation (酉, une jarre avec son couvercle, son goulot, ses parois et son contenu bouillonnant) et les liquides (représentés par les trois traits qui jaillissent de ce qui ressemble décidément à une cuve).

 

 

Le raisin est quant à lui représenté par deux caractères indissociables : 葡 萄. Ces deux symboles se ressemblent beaucoup. Ils sont chapeautés par le 艹 symbolisant les végétaux (des « brins d'herbe » selon Daniel Bastard) et enserrés par le même écrin : 勹 (une « peau de raisin »). Le premier caractère renferme comme pépin le signe 甫, qui symbolise ici la « jeune pousse ». Dans le second caractère, on trouve 缶 : une carafe stylisée. Ces deux caractères résument le devenir et le potentiel d'un raisin. Il est à fois la potentielle descendance d'une vigne (l'embryon contenu par le pépin) et l'essence du breuvage vinique (le jus sucré protégé par la pellicule). La terminologie même du raisin témoigne du lien indissociable que la culture chinoise fait entre le raisin et le vin.

 

Selon Daniel Bastard, 葡 萄 est une transcription phonétique d’un ancien mot perse. On lui fait confiance, même si l’on semble se trouver bien loin du terme persan actuel (خون  prononcé ‘‘angûr’’). Quoiqu'il en soit, cette étymologie illustrerait la production précoce de vins en Chine, avec une viniculture plus ancienne que ce que l’on imaginait par les missionnaires occidentaux, apportant civilisation et viticulture à l'occasion. Si les alcools de riz sont présents sans discontinuer durant l'histoire chinoise, les pratiiques de fermentation de raisins réalisent des apparition plus épisodiques (notamment sous les dynasties Han et Yuan). Encore ujettes à caution, de récentes découvertes archéologiques dans la province de Shaanxi font remonter les premiers vins chinois connus à la dynastie Zhou, soit il y a 3 000 ans.

 

  

* : plus précisément l’excellente émission Passe Muraille diffusée sur France Inter durant la matinale de l’été 2011 (encore plus précisément, de 6h52 à 6h56).

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