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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 08:30

Aujourd’hui, nous allons aborder une question existentielle en cette saison de foires aux vins : vous êtes plutôt Bettane de France ou Revue des vins Desseauve ? A l’occasion des fameux ‘‘spécial vins’’*, la tendance est criante. Les grandes publications françaises délèguent leurs sélections de vins à deux grands pôles de critiques. D’un côté on trouve les journalistes de la Revue des Vins de France (le Nouvel Observateur, le Monde... sans oublier la RVF !), de l’autres les critiques de Bettane + Desseauve (Les Echos, le Journal du Dimanche, L’Express...).

Présentée ainsi, la critique des vins en France paraît oligopolistique au possible. Loin de cette tribune sans prétention l’idée de remettre en cause l’impartialité et le professionnalisme de ces nouveaux cartels de la critique. Les Juvénal en manque de « qui critique la critique » peuvent d’ores et déjà passer leur chemin. On peut par contre raisonnablement se demander quels sont les liens entre la mondialisation du marché des vins et cette uniformisation de organes critiques.

 

Supplement-Express-special-vin-2012.png

 

 

Perte de masse critique pour contre-poids plume

 

Dans le dernier supplément ‘‘Spécial vin’’ de l’Express, c’est sans nul doute sa publicité en quatrième de couverture qui interpelle d’abord. Il en effet cocasse que ce hors-série vinique mette ainsi en avant la première marque hollandaise de bière, même en noeud pap’. Pour un amateur passionné de vin, son slogan « open your world » pourrait même sembler un tantinet provoquant, mais vérification faite il s’agit du slogan de Heineken dédie à sa campagne utilisant James Bond (en théorie plus habitué au Château Angélus ou aux champagnes Bolinger). Cette publicité illustre surtout le pouvoir d’une industrie brassicole concentrée, alors que la production viti-vinicole concerne plus des sociétés régionales que de grands groupes internationaux.

 

S’éloignant du morcellement de sa production viticole, la critique française des vins se regroupe, formant un cartel que l’on n’osera qualifier de brassicole. Si les sources de contenus se rétrécissent, on peut logiquement craindre les inexorables uniformisation des critiques, des sélections et des découvertes de nouveaux talents. Issue de la richesse des potentiels viticoles, la variété des vins doit pouvoir s’adresser à un panel tout aussi diversifié dans ses goûts et sensibilités. Sans cela, le filtre de la critique vinique deviendra aussi drastique qu’inique. 

 

Il faut se rappeler qu'en prenant de la hauteur, un verre de vin à moitié vide peut sembler plein. L'effet est similaire ici en prenant une perspective plus globale. L’union faisant la force, la critique française des vins pourrait en effet mettre à profit sa structuration pour devenir le contre-poids du critique américain Robert Parker Junior. Mais pour espérer mettre un terme à l’hégémonie de la laminaire notation sur 100, les numéros spécial vin vont devoir se remettre en cause. Laissant les dossiers vus et relus (le scoop des femmes vigneronnes, l’incroyable potentiel de l’oenotourisme, le pari fou des vins natures...), ils doivent innover pour avoir une raison d'exister. Sinon ils seront l'équivalent de dépêches AFP, publiés et relayés sur tous les supports sans valeur ajoutée... En espérant ne jamais connaître d'Agence Vin Presse de la critique, bonne foire aux vins !

 

 

* : l’exemple même des marronniers journalistiques ! Cliquer ici pour vous en convaincre avec le premier épisode du numéro de foire des ‘‘Spécial Vin’’

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commentaires

M
"Il faut se rappeler qu'en prenant de la hauteur, un verre de vin à moitié vide peut sembler plein." Magnifique !
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