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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 12:00

Aujourd’hui, nous allons regarder un extrait du Dîner de cons, le film que Francis Veber a tiré de sa pièce de théâtre homonyme. Nous allons nous intéresser à la saynète du Château Lafite-Rothschild 1978. Afin d’apprendre un truc « bon à savoir », à base de grand cru bordelais, de vinaigre et qui n'est peut-être pas si loufoque que ça,.


Le Dîner de cons est une comédie de boulevard française tout ce qu’il y a de plus théâtrale et classique (cocus, calembours, qui pro quo...). Simple au possible sa trame n'en est pas moins efficace : l’éditeur parisien Pierre Brochant (interprété par Thierry Lhermitte) invite François Pignon (le regretté Jacques Villeret) à un dîner hebdomadaire où l'enjeu est de se faire accompagner par la personne la plus ‘‘conne’’ possible. Il faut bien avouer que François Pignon a « la classe mondiale, peut-être même le champion du monde », c’est un convive confondant, constamment consternant.

 

 

Diner-de-cons-Film-Comique-Francis-Veber-Vin-Chateau-Lafi.png

 

 

Vieillir comme un bon vin aigre

Dans l’épisode qui nous intéresse, François Pignon s’est vu contraint de convier son ami Lucien Cheval (Daniel Prévost) à un dîner, afin d’obtenir un numéro de téléphone. Or ce Lucien Cheval est un contrôleur fiscal coriace. Une table spartiate est donc levée, tandis que Pierre Brochant vide son appartement de tout bibelot et objets de valeur. Tout ceci afin d’éviter un contrôle fiscal impromptu. Il est pour cela aidé par son ami Just Leblanc (Francis Huster), qui est soudain pris de doute sur la modestie du vin carafé pour Lucien Cheval.

 

Le vin qui s'y trouve est un effet un Château Lafite-Rothschil 1978*. Un millésime excellent selon les connaisseurs, cuvée qui témoignerait même de la prise en main dynamique du domaine par Eric Rothschild. On leur fait confiance. Pierre Brochant ayant travaillé toute sa vie pour ne pas avoir de piquette chez lui, il ne lui reste plus qu’à ajouter du vinaigre à son Château Laffite pour en maquiller la qualité.  « C'est un truc que je te donne si tu veux transformer un très grand vin en piquette. Et voila : le gros Laffite qui tache ! » Cependant, la dégustation donne un résultat « bizarre, ça lui donne du corps (...). Il est pas plus mauvais… Il serait même plutôt meilleur. » 

 

Apparemment abracadabrantesque, ce gag pourrait cependant avoir un fond de vérité, ou du moins de ''plausibilité''. Un vinaigre de vin contient une grande quantité d'acide acétique, ce composé témoigne d'un défaut inacceptable dans un vin. Au-delà d'une certaine dose (ou plutôt d'un seuil de perception), le vin est alors piqué et impropre à la consommation. Cependant, en dessous de ce seuil, l'acide acétique peut au contraire ajouter à la complexité aromatique et gustative d'un vin. Ce qui donne une véracité oenologique à cette blague potache.

 

Cela reste cependant un cocktail risqué, peut-être plus encore plus avec un vin de consommation courant qu'avec un grand cru classé. Dans le Dîner de cons, Pierre Brochant rajoute une autre rasade de vinaigre, ce qui lui permet d’avoir le résultat souhaité : aigre et ascecent à souhait. Mais comme le conclut François Pignon à propos de l'expérience précédente : « Ah oui, c'est bon à savoir, ça ! »

 

* : Il faut préciser que cette scène se passe en 1998. A cette époque le prix d’une caisse de Lafite-Rothschild était certes élevé et représentait sa liasse de francs ; mais la demande asiatique n’avait pas fait du premier grand cru 1855 de Pauillac une pièce de collection notoirement spéculative.


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commentaires

M
Superbe info, de quoi ressortir du film... moins con !
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